« LES GENS de chez NOUS, c’est toute une histoire !
FANTAISIE en HOMMAGE aux HABITANTS de COBRIEUX »
Texte de Jacques Fertin, habitant de Cobrieux
À l’occasion des vacances de Noël, les petits enfants sont venus à la maison. Et une de nos petites filles est tombée en admiration devant le livre d’Annie « COBRIEUX, un village raconté par ses habitants » ! Sidérée, la gamine !! Et elle m’a demandé « Bon-papa, comment on fait pour connaître aussi bien son village ? »
Je lui ai dit « Pour ça, il faut prendre de la hauteur, et trouver un point de repère qui permet de ne pas se perdre. »
Et ici à Cobrieux, si tu regardes les choses DEHAUT, le premier élément qui te saute aux yeux, c’est un toit DECHAUME, et ça, comme repère, c’est DUBORPER. Et de là, ton regard se portera tout naturellement vers l’église, son clocher, et en haut LECOCQ. Mais regarde, la porte est ouverte et on entend de la musique. Vas-y, rentre, avance toi vers le CHOEUR, tu verras Pascaline s’exercer à accompagner au clavier les psaumes, les MOTTEZ, les chants de Noël…. Ah ! Noël…c’est une fête importante et pas seulement pour le CHRÉTIEN. Eh ! Imagine-toi qu’à l’époque où il avait encore un curé qui vivait à Cobrieux, le jour de Noël, il devait dire 3 messes. Oui ! c’était obligatoire, 3 messes, il devait TRINEZ.
En sortant, tout naturellement, tu vas te retrouver devant le local où LEMAIRE se réunit avec ses conseillers. Pour parvenir au local, il y a une rampe. Et celle qui la première monte cette RAMPTEAUX matin, c’est la secrétaire qui vient ouvrir la porte. Mais ne reste pas là, éloigne toi DELAPLACE, reviens à notre point de départ, jette un regard circulaire sur le village… Pas mal hein ! C’est vrai, on est privilégié. L’exploitation du charbon par les Houillères, elle a ravagé tout un pan de la région, par chance, le PAN OUILLÈRES nous a épargnés ! Ça a l’HERBAU hein ! Ça n’a pas que l’air, ça l’est ! Tu sais ce qui donne cette impression, c’est l’abondance de verdure, pas seulement à cause DUBOIS, mais aussi DESPREZ, DES HAIES. Et ici chacun a à cœur de bien entretenir son terrain : des fleurs en massif ou en parterre, du gazon, un potager…. et DUJARDIN de chacun tu peux tirer quelque chose : de la ROQUETTE, un FRUY, plus loin une ROSE, un RAMEAU de GENÉVRIER, il y a même un pied DEVIGNE, et LADERRIÈRE, dans les arbres du GUY ! Ce foisonnement de verdure, c’est un régal pour les oiseaux ! Aussi à Cobrieux, on ne manque pas DENIS.
Le soin que les habitants apportent à la végétation, et c’est vrai pour LHOMME comme pour la femme, avec un petit plus qui vient du cœur, ils le déploient envers les animaux. Les animaux de compagnie bien sûr : les chats, les minous, les MINET…. Les chiens ! Ah les petits bichons qu’est-ce qu’ils sont MIGNON ! Mais les plus grands sont BAUX aussi, les CAULET, les chiens de chasse. Fais pas la grimace parce que je te parle de chasse ! ! Il n’y a pas de quoi être CHOQUET. Hé ! LELIÈVRE, s’il est bigame, il s’accouple avec DEHAEZE et chaque femelle peut avoir 3 portées par an, chacune donnant 3 à 4 naissances ! Heureusement que la chasse est là pour protéger les cultures.
Une année, la mairie a installé un poulailler sur le terrain communal. DE la BASSECOUR face au restaurant scolaire, les restes de la cantine nourrissaient la volaille. Ouais, mais il y a eu les grandes vacances : finis l’agitation et le bruit provoqués par les enfants, ce qui a enhardi le RENARD. Et le renard qui gobe une poule : les ailes, le PILLON, le croupion, tout y passe ! Il a même BOUFFET le POULET ! Remarque, le poulet ça lui a épargné de finir comme la poule d’Henri IV, il n’a pas fini COKENPOT.
Tu as certainement déjà vu ça à la télévision : un arbre MOR TREU(X) illé par un tracteur pour le sortir de la forêt. Ça abîme le sol et ça pollue !… Pour ce travail il est préférable d’utiliser des chevaux de trait, comme ceux qui pâturent rue du Hautmont. DELAGRANGE, tu sors une charrue, tu y atèles le cheval, tu cries « Hue », le cheval s’avance en tirant la CHARRU-AU ! Il s’arrête. Ça, c’est le résultat d’un apprentissage d’autant mieux réussi que celui qui le pratique y met quelque chose de personnel dans sa relation à l’animal. C’est pareil pour l’apprentissage des chevaux de selle. Et lorsque c’est réussi, alors là ! Tu vois parader de fringants DESTRIEZ ! Et c’est valable pour tous ceux qui pratiquent l’élevage. Prends le VACHÉ, si pour élever des veaux, il réussit à leur offrir un climat de tranquillité, un halo de quiétude, il obtient des animaux paisibles et heureux. Et les WAUC QUIEZ, à Cobrieux c’est bien connu, c’est même une spécialité locale !
Au village, il y a un cours d’eau. Rien à craindre de la fureur DUFLOT, non, pas besoin DELESCLUSE, ce n’est pas comparable à par exemple l’eSCO HY ci, c’est juste un ru, un ruisseau. Le Rieux, il s’appelle, même qu’il fait une courbe. Et il semble bien que c’est précisément cette courbe qui a attiré les premiers humains qui en s’y fixant auraient donné naissance au village. Ça, ça vaut le coup de le vérifier auprès d’un historien, et ça tombe bien, parce que justement, un historien, à Cobrieux il y en a un.
Il pourra te confirmer qu’effectivement dans le village on a vu passer LEROY, même que la population, un genou à terre, saluait en disant « Votre al TESSE ». Il était précédé de son PARENT, son COUSIN, LEDUQUE avec sa LONGUÉPÉE. L’historien t’expliquera aussi pourquoi à une certaine période on eu besoin d’un PROCUREUR, t’indiquer que c’est la différence entre le nombre d’habitants qui justifie qu’en ville il y a un SERGENT, chez nous, un garde-champêtre., et qu’à une certaine époque les gens ne savaient pas lire. De nos jours, avec des jeunes du village qui étudient à l’université de LILIN, c’est difficile à croire. Mais, lire et écrire était l’apanage DECLERCQ. Oui ! Seul LECLAIR savait lire. Il y avait très peu DELETREZ
Alors quand il fallait communiquer une information à la population, inutile de placarder une affiche. C’est le garde champêtre qui s’en chargeait : battant tambour, une feuille à la main qu’il faisait semblant de lire, en fait, on lui avait fait apprendre le texte par cœur, il parcourait tout le village. Avant de se mettre en route, dans sa tête il révisait sa tournée. Or peu de temps avant, un roi de France avait fait du français la langue officielle. Chez nous jusque-là on parlait picard. Quand dans sa tête notre garde champêtre se parlait à lui-même, le picard reprenait le dessus. « Bon ! disait-il, je vas partir DEL’SALLE de la mairie, j’vas COUPÉ au travers DESCAMPS pour arriver à LARUELLE. Là, DEL’MASURE à Amanda je prins direction la Carrière des Berlaffes. Et DEL’CROIX qui est au bord du chemin, …ah ben non, pas par-là, faut qu’je m’ méfies DEL’BARR(E)ière qui zont mis pour protéger l’CAPELLE ! Tant pis, DEL’VOYE romaine j’vas direct aux CLOQUETTES, puis DEL’PLANQUE à Norbert… » Ah ! Faut expliquer : en raison des brigandages tous les habitants s’organisaient des caches, ben, hé, quand tu as DESBIENS, tu tiens à les garder, alors DESPLANQUE, il y en avait ! Et en partant de celle à Norbert, c’était facile de rejoindre LALLET du château et le domaine du Fay.
Une sacrée trotte sur un terrain plus accidenté qu’on ne le dit, ça n’est pas vraiment un PLATEAU ! C’était un rude boulot, accompli avec rigueur ! Jamais on on a eu à lui dire « tu l’as MALFAIT ».
L’historien aidera aussi à effectuer le tri entre le réel et la légende. Par exemple, ce marin : quand il a eu asSEYNAV(E)igué, il est venu prendre sa retraite à Cobrieux. Et devant chez lui, il avait installé un banc. Les soirs où il s’asseyait sur le banc, c’était une invitation aux voisins, « Venez, je vais vous raconter des légendes de marine » Ça, uniquement à la belle saison ! Ah, ben, l’hiver, on se rassemblait auprès DELATTRE, toute la famille, y compris LECOUFF(E)in du bébé, pas trop près quand même ! Fallait pas le CRAMETZ ! Et à condition qu’avant il ait pris son biberon et fait son RAUX. Tu sais, une mère toujours elle CRINQUETT(E)étouffé, faute d’avoir fait son rot, le bébé ne recrache son biberon ! Mais si par bonheur il s’enDOR IA un béMOL INstantanément qui vient mettre une sourdine aux conversations des adultes.
L’historien pourra aussi te détailler les diverses activités du village, sachant quand même que c’est toujours l’agriculture qui PRÉVOST
Comment ?
Des bars ? Est-ce qu’il y avait des bars à Cobrieux ?
Ah ! T ‘es bien une fille de la ville, toi !
BAERT ? Oui, mais on appelait ça un café, et c’était fréquenté par les hommes après le travail.
On buvait DELABYère. Un, DEBOCK, jamais plus, et calme… Ah, pas question de déconcentrer les joueurs de belote. Il pouvait parfois s’élever un cri d’admiration quand un joueur faisait des pro-GRÉ AU jeu de fléchettes, mais ça ne durait pas, et de toute façon, ça ne se terminait jamais très tard. Ah non ! Les NOCKtambules à Cobrieux ce n’était pas fréquent.
Ah, Si… quand même … quand les hommes du village voisin venaient pour faire la fête ! Alors, là !! Changement complet d’ambiance ! D’abord, ça buvait plus, et puis ça parlait fort, parce que leur plaisir c’était de faire des jeux de mots sur les noms des gens. Le but, c’était de faire rire « ah ! HILARI ! Je suis content »…. Mais tu sais, ça ne volait pas haut. Par exemple DUCATILLON, ça devenait « Ducatillou guili guili… » Ou encore, oui… Tu sais, quand on fauche le lin, on le laisse rouir à terre, il faut attendre qu’en séchant les fibres se détachent pour le récolter. Et il faut saisir le bon moment, si on tarde trop on aura un tissu de mauvaise qualité. Et ramasser le lin , il y en avait un que ça barbait… il trainait, il lambinait, risquant à chaque fois de perdre sa récolte. Alors pour parler de lui, ils s’amusaient à faire une contraction entre lin et LAMBIN : « LAMBELIN » ils l’appelaient ! Moyen, hein !… En plus, ils prenaient des paris. Pour renchérir, ils se répondaient l’un à l’autre en parlant de plus en plus fort ! Tu entendais « banCO VE(Z) nard ! T’as encore gagné !! » Ça c’est le perdant qui râlait…ben eh ! c’était à lui de payer LATOURnée
Et quand ils repartaient, ils ne marchaient plus droit… Ah ! Ben, tu n’as qu’à voir le tracé de la route actuelle, il reprend le cheminement de l’époque. Et ça a créé des problèmes. Oui, parce que à ce temps là, pour aller d’une cité à une autre, par exemple pour aller DEVIENNE à BÉNODET…. euh, non… mon exemple n’est pas bon, c’est trop long… pour aller de MAROIL à Orchies, ou DORCHIES à HOUPLINE, on utilisait un coche, une grosse berline dans laquelle les passagers étaient bien abrités, tractée par un attelage de 2, voire 4 chevaux. Pour un tel équipage, impossible d’utiliser ce chemin en sinusoïde, d’autant qu’à l’arrivée il y avait l’obstacle DUPONT Pierrot bien trop étroit. Alors le COCHE TEUX le prenait pas à Cobrieux, il n’y en n’avait pas ! Et lorsque qu’un habitant de Cobrieux devait accomplir une démarche en ville, il devait se débrouiller par ses propres moyens, et la démarche effectuée, il rentrait de la VILL AMEné par son cheval qui tirait sa CARETTE.
Heureusement maintenant il y a un car.
On le prend où ? Le CAR ON le prend place de la mairie.
Pardon ? A LLARD !
Ah ! WILLAERT, à Cobrieux, on pratique : la musique, la danse, la sculpture, la peinture, le théâtre, le chant. Il y a une chorale. Il y a même un atelier créatif ! Rentre dans leur local, tiens… tu seras bluffée par la quantité d’objets récupérés et de tissus rassemblés… attention hein ! Bien triés, bien rangés. Des tissus en laine, en coton, en lin, et DHÉLIN de toutes provenances, aussi bien le lin de la Baltique que le lin FLAMENT. Retire LAHOUSSE là, et voilà la machine à coudre.
Tu leur donnes une ROBA fleurs, par exemple, résultat : toutes ces mains qui s’activent donneront naissance à une bonne douzaine d’objets différents : objets utiles ou objets de décoration. Tu veux avoir un aperçu de tout ce que ce groupe peut inventer ? Rends-toi au marché de Noël, mais n’y invite surtout pas LEJONgleur qui est sûr de lui, au vu de l’agilité créatrice de ces mains là, il piquerait une crise de jalousie !
A travers tout le village, ils ont installé des vieux vélos que chaque mois ils transforment en sculptures éphémères. Un nouveau thème chaque mois, tu mesures ce qu’il faut d’imagination !
Et dans ce domaine, la médiathèque joue aussi son rôle.
Pour inciter à lire, il y a régulièrement des lectures à haute voix. La dernière fois, c’était un récit féerique : un voilier imaginaire qui voguait tantôt sur mer tantôt en l’air et qui transportait les lecteurs en ces lieux dont les noms chantent et enchantent : Syracuse, Honolulu, HIOCOhama !…
Faut pas oublier les artisans. On les dits « Art – tisans », ce n’est pas pour rien. Tu vois, ce qui caractérise l’artisan c’est sa capacité à tirer le meilleur parti d’un outil, et pas forcément un outil sophistiqué. Tiens, par exemple, prends une pelle, une PEELMANiée avec adresse fait déjà du bon boulot, même une pelle petit format ! Demande à René, celui qui agrémente de fleurs les rues du village, il te le confirmera. Et la deuxième caractéristique du travail artisanal, c’est la touche personnelle que chacun imprime à ce qu’il crée
C’est clair pour le POTTIER, mais aussi pour le BARBIER, le CARPENTIER… le top pour lui : réussir une charpente qui assemble des branches maitresses de châtaignier au tronc d’un chêne parfaitement éCARI DROIT ! Le THUILIEZ, façonner les tuiles, ça demande un sacré coup de main. Le CUVELIER. Oui, de nos jours, dans toutes les maisons il y a une douche ou une baignoire, mais autrefois c’est dans une cuvelle qu’on se lavait, et ces dames qui devaient entrer dans une cuvelle, je te prie de croire qu’elles exigeaient de l’artisan que celle-ci soit à la hauteur du contenu qu’elle allait recevoir !
LEFEBVRE. « fèvre », c’est celui qui travaille le fer : forgeron ou ferronnerie d’art
Et le MASSON, quand il monte un mur avec des briques et son MORTIER, et qu’il fait apparaître avec des briques en relief la date de construction… Ce n’est pas mettre sa touche personnelle, ça ?
Et alors, participant aux arts de la table, tu as le COUTELIER.
Quelque chose qui a beaucoup évolué DEBRILlat-Savarin à nos jours, c’est l’art culinaire. Autrefois, chez le BOULANGER, qu’est-ce que tu trouvais ? Un pain ordinaire et une baguette, point final ! De nos jours, mais regarde la variété de pains qui sont proposés au client, sans parler des tartes, pizzas, quiches ou autre TOURTE !
Pareil pour le BOUCHEZ, son étal est de plus en plus celui d’un traiteur. Quand même, il est resté fidèle au traditionnel rôti bardé, ficelé, artistiquement décoré d’une feuille de laurier
Et on trouve ça dans chaque village : toutes les trois ou quatre générations, surgit un personnage de légende.
Tiens ! Ah, oui, foutriquet, c’est un mot que tu n’as jamais entendu. C’est normal, il n’est plus employé. Autrefois il désignait quelqu’un de très maigre, maigrichon, on dirait de nos jours. Eh bien, celui dont je te parle, vraiment il n’était pas épais ! Pourtant sa femme faisait des prouesses en cuisine pour le remplumer. Pour assurer un bon apport en calcium, les œufs à la COCU(E)LLE les lui faisait manger avec la coquille ! Rien à faire, il restait sec comme un coucou ! Livide, couleur ivoire des dents d’hippopotame, ROHART *quoi !
Quand quelqu’un le qualifiait de « FOUTRY quet », ça le mettait en fureur ! Et un type comme lui qui a la tête près du BONNET, si tu LIBERT sa colère, alors là, je te fiche mon BILLIET, tu as intérêt à te sauver vite fait ! Tu ne me crois pas ? La preuve, il y avait des scouts qui s’installaient pour camper. En le voyant passer, il y a un scout qui a eu la malencontreuse idée de dire à son copain « Regarde là, le type, quel foutriquet ! » Le type en question, il a GROULER comme un roquet, il a bondi, il a MILLE(S)CAMPS sens dessus dessous !… Le week-end des scouts il a pris fin avant de commencer !!
Oh ! Et ce facteur !…
A son époque, c’était très différent de ce qui se vit aujourd’hui. Toi et tes parents, vous n’écrivez plus de lettres, vous fonctionnez aux SMS.. Alors, de nos jours le facteur qu’est-ce qui lui reste à distribuer ? Des catalogues publicitaires qui poussent à la dépense, des appels aux dons et des avis d’imposition…. que des demandes d’argent, allez, allez, par ici la MONET! Ça n’aide pas à la motivation, du coup, il n’a plus le cœur à pédaler, on a dû lui mettre de l’électricité dans son vélo !
Le facteur dont je te parle, avec à l’épaule sa sacoche contenant les lettres, c’est en tricotant des mollets qu’il faisait avancer sa bicyclette. Et sans jamais ouvrir une enveloppe, il connaissait le contenu des lettres qu’il distribuait : un PLICHAR(D)gé, bien lourd, c’était une facture. Un pli léger, aérien, c’était une lettre d’amour ! Ah ! Celui-là !! Un vrai poète !
Et puis le jumeau !
2 frères originaires DEPERNE, dans le Boulonnais, jumeaux, mais de caractères totalement opposés Celui qui n’a pas quitté le lieu où il est né : posé, sensé, réfléchi… au fil du temps devenu une référence locale, LESAGE quoi ! Familièrement on le surnommait « LEGRAND sachem ».
Par contre celui qui est venu chez nous, tout le contraire : farfelu ! A sa décharge, il faut préciser qu’ils étaient issus d’une famille qui avait connu de nombreux remariages croisés… Et le notre, tiens toi bien, il était moiTHIÉBAUT-fils d’une cousine de la mère de la femme de son frère.
Il était mousta-CHU-FFARD-é comme un courtisan du 17ème siècle à Versailles. Il portait un BLOMMEr**, cette culotte bouffante avec des élastiques aux genoux
Il aimait la pêche, et il déplorait que dans le Rieux on ne puisse attraper que des épinoches. Pour pêcher des ABELÉttes, il aurait voulu qu’on installe à Cobrieux une MARÉCAU(X)-lo. Bon, ce n’est pas une idée plus sotte qu’une autre, sauf que pour l’avoir près de chez lui, visible depuis la LUCQarne de son entrée, il voulait l’installer entre le cimetière et le terrain de foot.
Il n’était pas complètement LOUF, il savait que son allure ne plaiderait pas en sa faveur. Il a donc confié à une tierce personne le soin d’aller déposer le dossier en mairie, et pris pour elle un rendez-vous un lundi matin. Le TIERCELINdi là, comme convenu déposa le dossier. En bordure du cimetière !! LEMERRE ne pouvait pas accepter.
A partir de ce refus, c’est devenu pour notre bonhomme une idée fixe : il enQUIQU(e) inait les gens, devenu ronCHOM-BAR(T)bant TOULEMONE, c’était son seul sujet de conversation, un vrai BOULAY !
On était en Février, et en Février, quand le vent est à l’Est, c’est froid ! Si tu marches contre le vent et que tu essaies de parler à la personne qui t’accompagne, tu as les lèvres qui se collent, tu n’y arrives pas. Tu veux dire « le vent est à l’Est », tu arrives tout juste à mourmâcher « VAN…HALST », c’est te dire s’il faisait froid. La nuit suivante, il a gelé, et bien ! Au petit matin, verglas ! Et v’la-t-y pas que notre olibrius est sorti en Tshirt, avec ses slaches aux pieds, si, tu sais, ces pantoufles dans lesquelles on glisse les pieds en écrasant le talon !
Cha a pas loupé, hein ! Arrivé au coin DEL’RUE, y a THIE FFRYgorifié qu’y étot là par terre ! heureusement y a des vizins qui sont venus le relever, aine paire de baffes, sus langue un chuque avec du riCLAISSE, de l’alcool de menthe, cha l’a récauffé. Et faut croire qu ‘in cognant s’tiête su’l’pavé, cha li a remis l’z’idées en plache … y a jamais pus parlé de s’marre à pichons !!
Et là, je me suis rendu compte que je m’étais mis à parler patois ! La petite, elle a décroché : chez elle la langue régionale c’est le breton !
Alors, elle m’a tiré par la MANCHE, et elle m’a dit « Bon papa, est-ce que ça existe des gens qui disent du mal de Cobrieux ?
Ah non ! NONNON ; ah ben non ! Et puis si il y en a un qui osait le faire, alors, moi, je te le prends entre quat’yeux et je lui dis arrête ! Arrête ! Sinon, mi, j’vas t’FER TIN affaire !! Ah, Hé !
*ROHART Virginie, durant 40 ans sage-femme accoucheuse du village
** BLOMME Lucie, dernière tenancière du café de la place